Alexandre, promo 2023, fondateur de La Grange, studio de jeux vidéo

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Alexandre Clément, étudiant en mastère Production et Marketing du jeu Vidéo à l’IIM Digital SChool, a profité d’une année sabbatique qu’il a prise entre son bachelor et son mastère pour travailler sur un projet personnel : fonder son propre studio de jeu vidéo.

Après un bachelor à l’ESSEC, Alexandre a rejoint l’IIM, et plus particulièrement le mastère Production et Marketing du Jeu Vidéo, après avoir été séduit par la quantité des projets par équipe et la diversité des intervenants.

« Le jeu vidéo est un secteur en pleine croissance, ce qui veut dire qu’il existe tout un panel de formations : je voulais être sûr de choisir la bonne. Le mastère Production et Marketing du Jeu Vidéo s’est fait à la suite de l’entretien d’admission. Je n’étais pas tout à fait sûr de quelle poursuite d’études me conviendrait le mieux, et j’ai pu en parler assez naturellement avec la personne qui m’a reçu. Après avoir parlé de mon année de césure et de mon parcours entrepreneurial, cette orientation m’a parue logique. » – Alexandre Clément, promo 2023

Prendre une année sabbatique pour s’interroger sur ses projets

jeux video a toads tale - Alexandre, promo 2023, fondateur de La Grange, studio de jeux vidéo

A Toads Tale, le projet de jeu vidéo d’Alexandre

J’avais pour projet de me lancer dans la création de jeux vidéo depuis longtemps, en vérité. Dès ma deuxième année dans le supérieur, j’avais commencé à acheter du matériel, à me former sur Unity ou des logiciels de créations d’assets comme Blender ou Photoshop.

Je me rappelle même avoir demandé des factures pour ma société un ou deux ans avant de l’avoir créée. Mais pour être honnête, j’hésitais encore entre le jeu vidéo et le jeu de société. Puis à partir de 2019, j’ai commencé à rédiger mon mémoire de fin de bachelor, qui traitait de l’impact du digital sur le marché des jeux de société. Lorsque j’ai passé ma soutenance au début de l’année 2020, nous étions confinés depuis un mois et demi, et le monde n’était déjà plus le même.

L’aspect social du jeu vidéo, qui m’a aidé à garder un contact régulier avec mes amis, et aussi à m’extraire du quotidien confiné m’a attiré plus que jamais. J’avais passé les douze derniers mois à lire des études de marchés, des articles, des interviews, et la pandémie m’avait conforté dans l’idée qu’il fallait vivre tout haut, y compris dans mes projets, donc je me suis lancé.

Puiser dans ses ressources pour fonder un studio de jeu vidéo à son image

La Grange est le studio que j’ai fondé. C’est un projet qui me ressemble, puisque j’y ai presque tout fait à l’envers, mais avec beaucoup de passion. Comme je le disais plus haut, j’ai quasiment toujours envisagé la création de jeux. J’ai pourri les ordinateurs de mes parents les uns après les autres avec tous les logiciels et moteurs imaginables depuis l’école primaire.

Ce n’est que dans le supérieur que j’ai considéré d’en faire ma vie. J’ai eu la chance d’être entouré de gens orientés projets, mais aussi très travailleurs, qui m’ont ouvert la voie. C’est comme ça que je suis parti travailler à l’étranger un été pour gagner le premiers fonds de l’entreprise.

Lorsque j’ai rédigé les statuts constitutifs, je me préparais à passer la prochaine année scolaire sur mon projet, et je cherchais une source de revenu qui ne soit pas trop chronophage, puisque j’avais besoin de temps pour travailler à la maison.

La pandémie n’aidant pas à trouver un travail, j’ai inclus dans l’activité de l’entreprise la vente de cartes à collectionner. Je suis moi-même un mordu de jeux de cartes et un collectionneur acharné, et je me suis dit qu’avec ma bonne connaissance de ce marché je pourrais générer assez de revenus pour vivre correctement et financer les premiers mois de production.

Une fois la machine lancée, j’ai pu m’acheter un ordinateur et commencer à travailler sur A Toads Tale (nom provisoire), le premier jeu de La Grange. Il s’agit d’un jeu tactique au tour par tour, qui se base sur des mécaniques de deckbuilding…comme quoi on ne se refait pas totalement. Dans A Toads Tale, le joueur gère une colonie de crapauds dans un bayou. Face aux assauts répétés des créatures qui hantent ces marécages, le joueur doit construire un paquet de cartes qui lui servira à combattre et survivre le plus longtemps possible.

Ce qui a motivé le design du jeu, c’est avant tout les contraintes auxquelles je devais faire face. Je n’avais évidemment pas les capacités de produire un jeu cinématographique, ou même multijoueur. J’ai justement puisé dans mes connaissances en jeu de société, en essayant d’offrir une expérience qui donnerait envier de jouer plusieurs parties courtes mais intenses.

Comment trouver des éditeurs ?

Pour ma part, j’ai commencé par prospecter. Je crois qu’aujourd’hui, un éditeur doit être un véritable partenaire et pas seulement ouvrir ses canaux de distribution, puisque s’auto-éditer n’a jamais été aussi accessible.

C’est pour ça que j’essaie de me renseigner sur chacun, de connaître leur réputation et leurs critères. Une fois cette étape passée, il faut pitcher et monter des dossiers. Théoriquement, l’éditeur ne va pas investir dans le capital du studio, mais puisque La Grange est un nouvel acteur j’ai le sentiment qu’il faut pitcher l’entreprise autant que le jeu. Ceci dit, ça me parait normal de vouloir connaître le profil de la personne à qui on va éventuellement confier une grosse somme d’argent à gérer.

Le financement, le plus gros défi lors de la création d’un studio de jeux vidéo

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Illustration pour le jeu vidéo A Toads Tale

Fonder le studio n’est pas forcément la partie difficile, car c’est une entreprise comme une autre. Ce qui fait la différence, c’est la façon dont on porte le projet, je pense. Pour ma part,  j’ai fait beaucoup de choses dans le désordre ou à l’envers, mais c’est dans mon tempérament.

Quand j’ai lancé le projet, j’avais décidé que c’est ce que je ferai, et que je trouverai ensuite comment arriver à mes fins, et pas l’inverse. Ça m’a fait du tort, mais c’est aussi ce qui m’a permis d’affronter les défis justement, et je pense que c’est ce qui est important. Ce ne sera jamais une mince affaire, et il faut être sûr de tenir la distance, notamment sur la question de l’argent.

C’est peut-être là le plus gros des défis, parce que trouver du financement, et surtout au début, est très chronophage et très difficile, particulièrement en période de crise sanitaire. Pendant les études, on a tendance à ne voir que le chemin théorique, c’est à dire rédiger un business plan puis s’en aller voir des business angels, comme s’ils nous attendaient à la sortie de l’école avec un chèque. Mais être entrepreneur c’est aussi ne pas être écouté tant qu’on a pas fait ses preuves !

Trouver l’équilibre entre les études et la gestion du studio

Le rythme à l’IIM me permet de travailler très correctement, et j’en suis assez heureux. J’ai choisi de ne pas faire d’alternance puisque je voulais travailler au maximum pour La Grange, et le fait d’avoir cours les matins et du temps pour travailler l’après-midi est une bénédiction.

J’habite un peu loin de l’école, donc je me lève tôt pour prendre le train, mais j’en profite pour me prendre une heure dès le matin pour avancer un peu, et finalement j’en suis assez content. Éventuellement, je prends du temps sur mes week-end aussi, mais c’est souvent pour faire du bidouillage que je ne prendrais pas le temps de faire en semaine, c’est très détendu.

Le conseil d’Alexandre quand on veut fonder un studio de jeux vidéo

Le seul vrai conseil que je peux donner, c’est que même si on ne peut jamais être assez préparé…préparez-vous bien ! Trouver de l’argent pour financer les débuts n’est pas un luxe, c’est une partie du job, ou alors ce n’est pas un projet professionnel.

C’est important de se renseigner sur les aides et de prévoir son financement pour ne pas avoir de déconvenue. Certains prêts ne sont accordés qu’aux entreprises en constitution, d’autres ne le sont qu’aux entreprises qui ont plus d’un an, et c’est la même chose pour les subventions.

On ne peut pas se lancer en comptant uniquement sur une éventuelle aide du CNC par exemple, puisque le CNC n’interviendra qu’à hauteur du budget déjà avancé, si la commission de sélection retient votre projet. Mais encore une fois, il faut se lancer de toutes façons, sinon on ne provoque jamais sa chance, et c’est une belle aventure.

Intéressé(e)s par les métiers du jeu vidéo ? Retrouvez tous les programmes des mastères jeux vidéo sur le site de l’IIM.