Pour améliorer la 3D, apprenons avec Léonard de Vinci

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Apprendre de Léonard – Partie 7. A l’occasion des 500 ans de la mort de Léonard de Vinci, les écoles du Pôle Léonard de Vinci reviennent sur les traces du génie pluridisciplinaire dont l’influence est encore ressentie aujourd’hui. Septième épisode de la série « Apprendre de Léonard » avec Marc Bellan, responsable de l’axe Animation 3D de l’IIM.

Avant l’invention de la perspective, la peinture ne se souciait pas de la réalité spatiale. La tailles des personnages ne dépendait pas de leur position dans la profondeur du décor mais était fonction de leur importance sociale ou religieuse, souvent sur un fond uni doré.

La Renaissance et l’invention de la perspective

C’est à la Renaissance, époque de toutes les révolutions culturelles, scientifiques et économiques que naît la perspective. Léonard de Vinci qui illustre et incarne la Renaissance dans ses avancées techniques et artistiques participe à cette révolution qu’est la perspective… Mais qu’est-ce que la perspective ? C’est le fait de représenter un espace en trois dimensions sur une surface en deux dimensions (la toile, le papier, le mur…). Le trompe l’œil en est l’aboutissement le plus extrême. L’espace représenté trompe l’œil du spectateur lui donnant l’illusion du réel.

La 3D correspond à ce qu’on appelle dessin ou peinture en perspective depuis la Renaissance. Avant l’ordinateur, la perspective était obtenue par des méthodes graphiques issues de la géométrie. La 3D (pour trois dimensions : x, y et z) est un ensemble de techniques informatiques qui permettent de représenter un espace sur un moniteur d’ordinateur.

A la perspective linéaire, décrite sommairement plus haut, s’ajoute la perspective aérienne ou atmosphérique qui elle est basée sur le rendu des lointains. La différence de netteté entre le premier plan et les plans plus éloignés, les différences de représentation d’une même couleur selon qu’elle soit proche ou lointaine et la diminution des contrastes permettent de traduire la troisième dimension.

Léonard de Vinci et la perspective aérienne

Léonard de Vinci joua un rôle important dans ce type de traitement de l’espace pictural accentuant la profondeur de la scène représentée. Dans son Traité de la peinture, Léonard aborde et développe de façon quasiment scientifique cette question de la perspective aérienne en se basant sur l’observation du réel.

Il revient à de nombreuses reprises, expériences à l’appui, sur ce qu’il appelait la « Perspective des couleurs » comme en témoignent ses titres de chapitres : “Variation des couleurs dans les choses éloignées ou proche”, “ A quelle distance la perte de couleur des choses est totale ?” « A quelle distance se perdent à la vue les couleurs des objets ? », « La perspective commune et la diminution des couleurs à longue distance. », « La couleur qui ne présente pas de variations à différentes densités de l’air »,  « La couleur qui ne change pas à différentes densités de l’air » (, « La couleur des choses éloignées de l’œil. », « Perspective des couleurs dans les lieux sombres », « D’où provient le bleu de l’air ? », « Comment le peintre doit mettre en pratique la perspective des couleurs », « La perspective aérienne »…

Le résultat de ses recherches est, par exemple, flagrant dans « La Joconde » qui combine les deux types de perspective. On remarque en effet que plus les objets s’éloignent plus ils sont petits et plus leurs couleurs se rapprochent du bleu. On sait maintenant que cet effet de bleuissement des lointains qui représente bien le réel est lié à l’énergie associée à la lumière bleue qui traverse mieux l’espace que la lumière rouge.

Les outils de rendu 3D pour la perspective aérienne

De nombreux outils sont disponibles en 3D pour rendre l’éloignement des lointains. Par exemple, une caméra 3D, comme un appareil photo, peut régler la profondeur de champ, c’est-à-dire le degré de netteté dans la profondeur. Le « brouillard » (fog) comme son nom l’indique, permet d’ajouter un effet de brouillard réglable en intensité dans la profondeur. Cet effet atténue les lointains mais n’est pas entièrement convaincant pour rendre la perspective aérienne.

De plus, la 3D peut produire pour chaque image en couleur une image noir et blanc donnant les informations de profondeur (plan Z). En utilisant ce plan Z comme un masque dans un logiciel de « compositing » on peut sélectionner une zone de profondeur et en changer la couleur, le contraste, la valeur, la netteté.

Pour améliorer le rendu artistique des images 3D, apprenons avec Léonard

Ce qui manque souvent à la 3D c’est moins les outils que le regard. Les outils peuvent, bien entendu, continuer à être développés mais l’important c’est le regard de l’artiste.
A l’instar des ateliers de la Renaissance où les “étudiants” copiaient des œuvres avant de créer, il pourrait être intéressant de lancer un projet étudiant pour reproduire en 3D, par exemple le décor d’un tableau de Léonard.

Après analyse de la distance entre les éléments et modélisation du décor, il s’agirait d’utiliser les outils informatiques en notre possession pour travailler le rendu atmosphérique et tenter de reproduire à l’identique le décor du tableau et pourquoi pas s’y promener ensuite.

Pourquoi pas le décor de La Joconde comme sujet de cette recherche ?

Image mise en avant : Léa Amati

Informations mises à jour le 07 Jan 2020